Inspiré de l’affaire Fofana – un jeune Juif séquestré et torturé pour extorquer une rançon – le roman se déroule dans une cité non située de la région parisienne où Juifs et Noirs, Blancs et Maghébins, s’affrontent dans les rues. Souf, négligé par une belle-mère égoïste, éternel absentéiste au collège, est une proie facile pour la Première Tribu, élucubration d’un primat de l’homme africain dont la restauration justifierait toutes les exactions. Le caïd manipulateur et ses acolytes sont esquissés à grands traits, comme Angie, la jolie Antillaise nouvelle venue, son frère petit escroc et le Juif venu des beaux quartiers du Marais. L’antisémitisme primaire se renforce du préjugé que Maxime est riche. Mais c’est la jalousie de Souf, considéré comme un moins que rien par sa famille et ses copains, son désir de vengeance quand il est repoussé par Angie, et d’affirmation face au groupe qui déclenchent le drame. Sa frustration, ses vues à court terme, son inquiétude quand l’aventure prend un tour qu’il n’a pas su prévoir sont rendus dans une écriture sobre et des dialogues crédibles – même si le verlan nécessite parfois un effort de décryptage. Une belle étude psychologique du parcours d’un perdant, attachant au final.
Zone tribale
MARET Pascale