Palerme, 1978. Le mouvement contestataire et violent des Brigades Rouges (assassinat d’Aldo Moro) exerce une fascination morbide sur trois gamins de onze ans livrés à eux-mêmes. Leur précoce et viscérale conscience politique, leur goût du malsain, leur déshumanisation (Nimbe, le narrateur, attribue à ses proches des noms d’objet, la Pierre, le Fil et le Coton) exacerbent cette idéologie naissante, les poussant à s’attaquer à un camarade. Jusqu’où ira cette complicité entretenue par leurs pseudonymes militants et leur « alphamuet » issu de la gestuelle des émissions télévisées favorites ? La descente aux enfers sera-t-elle irrémédiable ou connaîtra-t-elle une accalmie ou lueur de vie ?
Cet écrivain italien provoque son lecteur dans ce récit complexe, labyrinthique, sombre et très éprouvant. Les méfaits de l’idéologie terroriste de cette époque – les années de plomb – sont mis en relief au moyen d’un art de la description – quasi entomologique – d’une rhétorique et d’une sémantique si étudiés qu’ils génèrent à la fois un attrait pervers mais également, et là sont les limites de cette écriture, une lassitude incrédule. Rendons toutefois hommage au traducteur de ce livre glaçant.