Henry, auteur d’un best-seller international, voit son nouveau manuscrit, consacré à l’Holocauste sous forme de fiction et d’essai, refusé catégoriquement par ses éditeurs. Découragé, il quitte son pays et renonce à l’écriture. Mais voilà qu’il rencontre un vieux taxidermiste qui lui dévoile, par bribes, la pièce de théâtre qu’il est en train d’écrire. Les dialogues entre les deux personnages, l’ânesse Béatrice et le singe Virgile, des animaux empaillés, fascinent Henry tout autant que l’étrange personnalité du taxidermiste.
Curieux roman où des extraits de La légende de saint Julien l’Hospitalier de Flaubert et des fragments d’un drame aux accents beckettiens sont tissés dans la trame de l’histoire. Yann Martel a connu un grand succès avec L’Histoire de Pi (NB avril 2004), où les animaux jouaient déjà un rôle déterminant. Ici, Virgile et Béatrice évoquent, sous forme d’une fable légère au départ, les horreurs insoutenables et quasi indicibles auxquelles ils ont échappé. L’auteur livre une réflexion non seulement sur les difficultés de la création littéraire mais sur le mal, la mémoire et la rédemption. Écrit avec subtilité, ce récit disparate et dérangeant pousse notre raison dans ses retranchements.