La douceur printaniĂšre invite Ă sâattarder sur les terrasses des cafĂ©s, et Saar nâest pas la seule Ă entendre, par un beau jour dâavril, un enfant haranguer les passants. Journaliste de guerre, elle a perdu lâusage dâune jambe dans un accident en Irak dont son mari a Ă©tĂ© la victime. Elle voit de sa fenĂȘtre donnant sur une place parisienne le garçon de dix ans tenir des discours enflammĂ©s. Ses imprĂ©cations lâinterpellent, et ceux qui lâentourent, une amie pharmacienne, son beau-fils photographe, une Ă©tudiante, nây sont pas insensiblesâŠ
Â
Ă travers lâhistoire du petit «prophĂšte» auquel sâattache lâancienne journaliste, lâauteure sâinterroge sur lâintĂ©gration, le mĂ©tier de reporter et lâimpact des images violentes sur les sociĂ©tĂ©s nanties. Ces rĂ©flexions sâinsĂšrent dans un rĂ©cit vivant qui traite du quotidien sur un ton enlevĂ© et distanciĂ©. On y retrouve des thĂšmes qui lui sont coutumiers (cf. Dans la tĂȘte de ShĂ©hĂ©razade, NB octobre 2008) : lâamitiĂ©, les liens familiaux, le deuil ou le courage face aux Ă©preuves. Le trait quelque peu forcĂ© donne Ă la gravitĂ© du sujet un tour finalement optimiste.