On suit la trajectoire de John Coltrane, légende du jazz depuis son entrée dans le groupe de Dizzie Gillespie jusqu’à l’enregistrement du poème A Love Supreme, en passant par ses collaborations fructueuses avec Miles Davis ou Eric Dolphy. Un instantané de l’Amérique noire révoltée des années 50 et 60 : le son, les femmes, la drogue, la fraternité, le racisme, la politique…
Adaptant la vie du saxophoniste à la structure de son album le plus fameux, cet album noir et blanc retient d’abord l’attention par son parti pris esthétique et narratif visant à l’impossible: rendre tangible l’expérience musicale par le dessin. Le récit, elliptique, rythmé, tendu, sans chronologie, est cependant alourdi par une certaine solennité, une fascination stérile de l’auteur pour ses protagonistes. Une limite que l’on retrouve malheureusement au niveau du graphisme, a priori d’une subtile naïveté, aux tracés minimalistes, mais qui rapidement cède à la pose, par trop d’effets (gros plans sur-expressifs, effets d’échelle…). Manque un zeste de sagesse, de sens de la mesure. Il y a du rythme, de la syncope, de la finesse aussi, par exemple dans l’épisode du sevrage à l’héroïne, mais l’auteur est comme écrasé sous le poids de la légende.