Dans une région non définie, la guerre sévit. Une septuagénaire, épouse d’un dignitaire du régime, ne peut oublier une jeune femme morte dans un attentat commis par les « religieux ». Cette dernière, venue de loin pour une mission humanitaire, avait un temps logé chez elle. La vieille dame rend visite à l’assassin en prison : il accepte de parler, elle l’écoute, entend les raisons de sa colère et de son engagement. Puis elle cherche à rencontrer un écrivain qu’elle estime, tout juste sorti de prison. Elle a également besoin de revoir l’amie qui lui avait présenté la jeune femme, constate ses piteuses conditions de vie. Elle chemine, élargit son champ d’appréciation d’une réalité de plus en plus dévastée.
Pour rendre compte de l’égarement du monde et de son héroïne, Justine Augier prend le parti d’une construction hachée et d’une ponctuation à contretemps. Cela peut créer une gêne. Mais l’émotion est la plus forte. La façon qu’a l’auteur (Son absence, NB août-septembre 2008) de ne pas nommer les protagonistes, de ne pas situer le conflit, loin de prétendre à l’universel, tente plutôt de rendre la spécificité des conflits contemporains.