Coursier chez Gallimard, Gérard Cohen apporte, chaque semaine, son courrier à Louis-Ferdinand Céline, reclus à Meudon. Mais le 7 décembre 1954 est une journée particulière : la « maison » est en ébullition puisque, le soir même, l’Académie Goncourt décerne son prix… Simone de Beauvoir, auteur maison, sera élue. Le jeune homme a donc quartier libre et, pour différer sa rencontre avec le vieil homme, il fait à moto, à travers Paris, une balade buissonnière dont les étapes (érotiques ou amicales) sont l’occasion d’une plongée dans son passé.
Avec, en toile de fond, la description du Paris des années cinquante, le roman rappelle la vie littéraire d’alors, peint avec esprit le milieu fermé de l’édition (que l’auteur connaît bien, par père interposé) et s’achève sur un audacieux portrait d’écrivain tout en contrastes, habilement annoncé dès les premières pages ! C’est surtout le brillant récit, servi par une écriture nerveuse et élégante, d’une quête personnelle, riche en résonances culturelles : celle du héros-narrateur, « héritier », en passe d’émancipation d’une double tutelle paternelle.