Pour Nietzsche, le Pouvoir ment quand il dit : « Moi, lâĂtat, je suis le Peuple ». En toute bonne foi, dâailleurs, car cette fiction est nĂ©cessaire. Pour faire accepter lâinĂ©vitable confiscation de lâautonomie individuelle, mĂȘme en dĂ©mocratie, le Pouvoir est sacralisĂ© dans la pĂ©rennitĂ© et prend lâapparence dâun monstre froid. Les formes et les modalitĂ©s peuvent diffĂ©rer selon les Ă©poques et les systĂšmes politiques, mais câest inscrit dans la nature humaine.
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Pour Ă©tayer ses propos, Philippe SĂ©gur, romancier (Vacances en pays perdu, NB novembre 2008), universitaire, juriste et philosophe, dĂ©ploie une grande Ă©rudition, fait notamment appel Ă la mythologie et Ă lâhistoire de la rĂ©publique romaine, triture abondamment les mots français et leur origine latine. Le sujet est intĂ©ressant, l’Ă©criture claire et aisĂ©e, la rĂ©flexion de haute volĂ©e, plutĂŽt dĂ©sespĂ©rante pour les citoyens de base croyant dans le systĂšme reprĂ©sentatif et dans la dĂ©mocratie.