Chassés par la révolution nassérienne, les Batrakani, chrétiens syro-libanais, francophones et francophiles, grands bourgeois enrichis dans l’industrie du tarbouche, ont dû s’exiler aux quatre coins du monde. Seule, Tante Dina demeure toujours au Caire, dans la maison familiale où elle accueille Charles, le narrateur, de passage en Égypte. Ce soir, la vieille dame, raffinée et fantasque, reçoit : elle recrée le charme désuet des mondanités du Caire d’antan… Un paradis perdu ? Un monde fini. Au cours de la soirée, le présent fait irruption avec Amina, et avec elle peut-être la promesse d’un avenir pour le passé.
De romans en essais (Le voyage de l’obélisque, NB juin 2004), Robert Solé poursuit l’exploration de son passé et de l’Égypte. Avec délicatesse, il fait revivre les sensations d’autrefois, les personnages pittoresques, alliant mélancolie et humour. Sans nostalgie, il retrouve cette époque révolue dans ses souvenirs d’enfance. Il parle aussi de l’exil et, par petites touches, évoque l’Égypte d’hier, celle d’aujourd’hui. L’écriture simple, fluide, la composition habile contribuent au charme de ce livre qui rappelle que nous recherchons tous les territoires de l’enfance.