1992. Dans un petit village dâEstonie une vieille femme dĂ©couvre dans son jardin une jeune fille traquĂ©e quâelle recueille avec rĂ©ticence. Câest le dernier acte dâune tragĂ©die familiale, dĂ©butant en 1936 par la passion dĂ©vastatrice dâune femme pour son beau-frĂšre. Et se poursuivant dans un pays Ă©touffant tour Ă tour sous les bottes nazies et soviĂ©tiques. Jalousie et dĂ©lation dĂ©sagrĂšgent peu Ă peu la familleâŠ
Â
La construction, trĂšs habile et prenante, suit une chronologie mouvementĂ©e avec des va-et-vient dans le temps, dĂ©voilant peu Ă peu le destin atroce de trois gĂ©nĂ©rations de femmes et le passĂ© de lâhĂ©roĂŻne principale, effrayante de duretĂ©, rongĂ©e par sa passion mauvaise jusquâĂ y laisser son Ăąme. On retrouve, dans lâhistoire de cette Estonie qui nous est mal connue, de son occupation et de sa rĂ©sistance, des Ă©chos de sinistre mĂ©moire et des scĂšnes de torture dignes des heures les plus noires de la Loubianka. La terreur Ă lâĂ©tat pur, compagne de chaque jour, voisine en un contraste saisissant avec la peinture dâune vie villageoise domestique, rustique et paisible. Pas un instant on ne perd le fil de ce rĂ©cit dramatique qui sâimpose avec force tant par lâintensitĂ© et la violence des sentiments que par le contexte historique.