La vallée perdue (Kraa ; 1)

Kraa, l’aigle majestueux et indomptable, voue une amitié indéfectible à Yuma, le jeune Indien qui l’a aidé alors qu’il n’était qu’un aiglon orphelin. Il règne en maître sur la vallée perdue. Pourtant, la sauvage tranquillité de cet espace inviolé est en passe d’être troublée par la ruée vers l’or et son cortège d’hommes sans scrupules. Pour eux, les autochtones ne sont que des gêneurs. Dans un monde violent et sanguinaire, teinté de fantastique, cruauté et humanité sont partagées. Dans les deux camps, les gestes de miséricorde succèdent aux actes de mort, tandis que Yuma se laisse aller au rêve d’Icare. Prenant et bien construit, le récit donne à Sokal l’occasion de décliner son immense talent graphique, mettant en scène des personnages expressifs et mobiles dans des décors sordides et des paysages légendaires. La peinture animalière réaliste succède avec aisance aux faciès caricaturaux des envahisseurs interlopes assoiffés de richesses. Le trait ferme et nuancé est rehaussé de teintes minérales, où les taches de sang et les vêtements rouges du héros attirent l’oeil en formant comme un fil conducteur de l’histoire.