Dans ce recueil de nouvelles, Annie Proulx quitte son Wyoming natal (C’est très bien comme çà, NB juin 2008) pour le Nord-Est américain, ses terres sauvages et inquiétantes peuplées de fermiers ruinés, de chasseurs fauchés et de ratés qui attendent patiemment leur heure pour régler leur compte à leurs ennemis intimes. Elle se fait de nouveau magnifiquement le chantre d’une nature primitive, brutale, parfois maléfique mais grandiose. Rivières et forêts lacérées par le vent, pétrifiées par le gel ou la chaleur excessive, dégorgeant des eaux putréfiées, peuplées d’animaux convoités, exsudent bruits, couleurs, odeurs. Dans ces onze histoires denses, où l’humour allège la peinture de cette population pitoyable, l’auteur a l’art de rendre présentes une violence sous-jacente, les haines sourdes et les rancoeurs ravalées. D’un coup de patte exceptionnel, elle brosse tout un univers en un seul détail.
Mélodies du coeur
PROULX Annie