Ă Moscou, Ă la Maison de la radio du peuple, on joue un concerto de Mozart. Au piano, lâinterprĂšte prĂ©fĂ©rĂ©e de Staline, opposante dĂ©cidĂ©e au rĂ©gime. Le dictateur rĂ©clame lâenregistrement, mais il faut rejouer pour satisfaire son caprice, dans une atmosphĂšre dâangoisse et de peur. Le disque est enfin remis Ă Staline qui fait une attaque en lâĂ©coutant. Le sinistre BĂ©ria prend les choses en main, profite de lâagonie de son maĂźtre pour sâemparer de dossiers compromettants, retarde lâintervention mĂ©dicale et convoque les membres du ComitĂ© central. Deux clans se forment, autour de BĂ©ria et de Khrouchtchev, dans une atmosphĂšre de farce bouffonne et macabre, cependant que la vodka coule Ă flots.
La dramaturgie thĂ©Ăątrale respecte lâunitĂ© de temps et, dans une moindre mesure, lâunitĂ© de lieu, avec quelques entorses qui permettent de prĂ©senter briĂšvement les aspects essentiels de la rĂ©alitĂ© soviĂ©tique et de la clique au pouvoir. Le scĂ©nario astucieux est centrĂ© sur lâimage trĂšs forte de ce personnage fĂ©roce qui, mĂȘme paralysĂ©, terrifie encore un entourage dessinĂ© en profils menaçants et faces lugubres et fuligineuses, qui joue les pleureuses . Il prĂ©sente un raccourci inoubliable de cet univers paranoĂŻaque et on attend le second tome avec intĂ©rĂȘt.