Chef

Il vient juste d’apprendre qu’il souffre d’un cancer mortel. Il prend le train pour le Cachemire, terre de paradis ravagée par une interminable guerre, pour venir préparer un repas de noces : celui de la fille de son ex-général, qu’il servit comme cuisinier quatorze ans plus tôt. Chemin faisant, « Chef » revit son séjour de jeunesse. Son apprentissage auprès d’un homme qui lui a tout appris. Ses désirs troublés et timides pour les femmes qu’il n’arrivait pas à séduire. L’absurdité de la guerre et des fanatismes, les souffrances des hommes en poste sur les glaciers.

La mélancolie du passé, la mort annoncée, le tremblé des sentiments du narrateur d’alors distillent une tristesse qui contraste avec la chaude réalité de la cuisine aux succulents secrets. La chronologie déroute, souvent brouillée par le mélange des deux époques. Mais le lecteur occidental, peu à peu, se prend à cet étrange parcours en terre, mentalité et culture exotiques et s’imprègne des fumets de la cuisine indienne évoquée avec une précision nostalgique par l’auteur, Sikh vivant au Canada. (Un lexique bienvenu en traduit les nombreux termes).