Manuel de l’innocent

SEVESTRE Alain

Depuis la disparition de son père qui avait « siphonné son immédiateté au monde », le narrateur, persuadé de n’être jamais à la hauteur des événements, peine à trouver sa place. Professeur à l’université, il vit derrière la vitre de son duplex parisien d’où il étudie ses semblables, en voyeur inventif. Sa vie bascule dès lors que des fêtards inconnus pénètrent dans son appartement et que la belle Émilienne et son père, revenu, l’entraînent à son insu sur les chemins de la politique.

 

Difficile, pour en apprécier tout le contenu, de se fier aux débuts truculents de ce roman, où l’attention portée aux menues attitudes quotidiennes offre esprit et poésie. Car, dès qu’Émilienne entre en scène, le récit prend un tour plus surréaliste et le talent du verbe cède quelque peu devant un imbroglio politico-romanesque à la Woody Allen… Par ce style si particulier qui est sa signature (Les tristes, NB octobre 2005), Alain Sevestre, qui joue avec les codes, diffuse à travers son personnage des questions d’ordre sociologique sur la place de chacun et la conduite plus ou moins assistée de sa propre vie.