Véritable kaléidoscope mettant en scène un siècle de vie de la communauté juive stambouliote, cet énorme (un peu trop) roman dont l’aspect compact rebute au premier abord, mérite pourtant qu’on prenne le temps de le déguster à petites doses comme plusieurs petites histoires. Il ne faut pas craindre, au risque de sauter une page, de perdre de temps en temps le fil et de s’emmêler dans les innombrables personnages qui le peuplent – quarante-sept en tout – de se laisser aller au charme d’une très belle écriture et du récit de ces destins contrastés qui parlent d’amour, de mort, de séparations, d’exil, de guerre, de déportation, de traditions et de modernité. Il faut savourer la finesse d’analyse psychologique, très particulière à la culture de l’auteur, qui donne à ces histoires emboîtées à la manière de poupées russes une présence et une densité attachantes, très évocatrices de l’atmosphère d’un monde enfui cher à l’auteur. Né à Istanbul, turc francophone, celui-ci a déjà écrit plusieurs romans et est célèbre dans son pays. Ce premier livre traduit en français est un chant d’amour à sa ville natale.
Istanbul était un conte
LEVI Mario