Pour avoir voulu arriver plus vite dans leur maison de campagne, en traversant de nuit un village endormi, le père de Sébastien heurte une femme qui sortait de sa voiture. Il prend la fuite et impose le silence à son fils, sidéré. Passée la stupeur des premiers jours, l’adolescent cherche à savoir et rencontre Loïc, le fils de la victime qui sort très lentement du coma. Deux voix alternent, chapitre après chapitre, clairement différenciées. Comme les deux versants d’un même drame vécu par les deux adolescents : la honte pour l’un, la douleur pour l’autre. La souffrance et la solitude les lient tout de suite, dans l’ignorance de ce qui devrait les séparer, de sorte que le roman prend la tournure d’un thriller psychologique. Certes, Christophe Léon campe deux adolescents banals aux réactions sans surprise et les personnages secondaires sont de la même étoffe ; sans doute le happy end final moralisateur et peu vraisemblable affadit-il le récit. Mais la tension dramatique qui naît de l’orchestration des situations garantit l’intérêt de ce roman servi par une écriture dense et sobre.
Délit de fuite
LÉON Christophe