En entendant la musique d’un jeune violoniste turc, Dikran Sarian est pris d’un malaise et conduit à l’hôpital. Auparavant il lâche quelques mots qui intriguent le musicien, qui lui rend donc visite. Il fait la connaissance du vieil homme qui lui narre sa vie marquée par le génocide arménien. En 1915, après l’arrestation de son père et de tous les hommes du village, Dikran et sa famille sont contraints de quitter leur maison. S’ensuit une longue marche forcée qui laisse bon nombre d’entre eux sur le bord du chemin, victimes de la faim, d’épuisement, des viols et autres atrocités perpétrés par les soldats turcs.
Après la Shoah dans L’envolée sauvage et la guerre d’Algérie avec Tahia El-Djazair, Laurent Galandon aborde dans ce diptyque le génocide arménien à travers les souvenirs d’un rescapé. Le sujet est traité avec beaucoup d’humanité. Le trait est élégant et le dessin, magnifiquement mis en couleur, exprime avec réalisme la souffrance physique et morale ainsi que les cruautés perpétrées. Certaines planches sans dialogue sont parfaitement explicites.