Quand Hélé Béji, tunisienne féministe élevée dans l’islam chaleureux et libéral de l’époque Bourguiba, découvre que sa cousine s’est voilée volontairement, c’est le choc. Après une première réaction de rejet, elle essaie de comprendre. Quel message envoient les femmes qui ont fait ce choix à nos sociétés modernes ? Faut-il l’accepter au nom du droit à la différence revendiqué dans les démocraties et surtout comment faire comprendre à ces nouvelles nonnes qu’elles s’engagent dans une impasse ? Hélé Béji suggère de multiples pistes de réflexion.
Écrivain engagé (Nous, décolonisés, NB avril 2008), elle analyse avec finesse et passion tous les aspects de cette nouvelle contagion. L’écriture est sensuelle, lyrique et spontanée. Portée par une conviction profonde, des valeurs humanistes, loin de l’attitude souvent méprisante et condamnatoire actuelle, Hélé Béji s’adresse à ses soeurs voilées, les respecte, entend leur révolte et leurs protestations. Tout en soulignant les effets pervers de leur choix, elle sème des graines d’espoir. Un essai courageux, éclairant, qui pose des questions et regarde les problèmes en face au lieu de rabâcher la langue de bois.