Ukraine, 1937. Des fossoyeurs jettent clandestinement toutes les nuits des cadavres dans les fosses. La vague de terreur dĂ©clenchĂ©e par Staline dĂ©cime des familles entiĂšres, un climat de peur et de suspicion gĂ©nĂ©ralisĂ©e gangrĂšne les villes et les campagnes. Anton Vassiliev se fĂ©licite secrĂštement du sort qui lui est rĂ©servĂ© : il a pu intĂ©grer la police politique et doit rĂ©unir les preuves de la culpabilitĂ© des personnes arrĂȘtĂ©es. Il tente dâignorer les consĂ©quences de ses actes. Issu de lâĂ©lite intellectuelle dâOdessa, pourquoi n’a-t-il pas Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© avec sa famille ?
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Dâorigine russe par son pĂšre, Jean-Pierre Milovanoff retourne Ă ses racines. Son Ăąme a confusĂ©ment gardĂ© les stigmates des souffrances subies par ses ancĂȘtres. Il prend appui sur le destin des Vassiliev, amis proches de ses grands-parents, pour donner vie aux oubliĂ©s et voix aux disparus. Lâauteur a toujours entretenu une complicitĂ© fraternelle avec les laissĂ©s-pour-compte, les marginaux (cf. Le pays des vivants, NB novembre 2005). D’une plume concise, suggestive, toute de pudeur et de retenue, il se fait, dans cet ouvrage Ă©mouvant, le chantre des hommes et femmes victimes de la purge stalinienne.