Plus que l’idéologie, c’est la révolte qui mène Castro. Il enrage contre tout : sa famille , l’oligarchie, les yankees, le vieux monde… Après une éducation jésuite et des études d’avocat qui serviront sa verve d’orateur populiste et son goût pour la manipulation, le futur « Lider Maximo » se lance dans la lutte armée. Tribun charismatique et pragmatique, séducteur des foules, cet « électron libre » parvient au pouvoir suprême, adhère au marxisme et instaure son pouvoir personnel, parodie de démocratie directe, au prix de la suppression de toutes les libertés et d’un bilan économique et social désastreux.
La nature du castrisme suscite toujours la controverse. Pierre Vayssière, professeur à l’université de Toulouse, spécialiste de l’histoire de l’Amérique latine, constatant la fascination que le mythe édifié par Castro, « le vendeur d’utopies », a exercé sur les gauches occidentales, notamment française, s’attache à le démonter. Son étude, extrêmement érudite et limpide, chronologique puis thématique, analyse les multiples facettes d’une personnalité narcissique et énigmatique. Il replace la révolution cubaine dans le cadre des grands enjeux internationaux du XXe siècle, des insurrections latino-américaines et de la théorie politique des révolutions. Un travail de grande qualité.