Derrière le paisible instituteur qu’est Paul lorsqu’il est affecté à Alger en 1954, il y a « l’ombre », celui qui dans les maquis, n’était guère tendre pour les occupants. Avec le lieutenant Pierre Moulan, il évoque ce passé qu’il pense révolu, tandis que la conversation tourne au concours de culture cinématographique avec Amine, le projectionniste rencontré autrefois à l’hôpital. Avec Asia, la fille de ce dernier, la tendresse gagne du terrain. Pourtant, insidieuse au début, la violence se fait jour. Chacun choisit son camp, selon son caractère et ses attachements. Pierre, celui de la répression. Asia, dont la mère est tombée sous les balles françaises lors des évènements de Sétif en 1945, celui de la révolution. Quand la jeune femme sera arrêtée, Paul usera de son influence auprès de Pierre pour la faire libérer.
Une histoire humaine où chacun explique ses convictions. Si celles de Paul le menaient autrefois à donner la mort par le couteau, il n’admet pas les explications de Pierre justifiant la torture pour extorquer les aveux des poseurs de bombes. Le récit rend compte de la complexité de la situation et si le parallèle est fait entre la Résistance et la rébellion de 1954, c’est sans manichéisme. Un trait simple et vivant sait donner vie à des personnages bien campés et décrire sans voyeurisme une réalité cruelle. La fuite finale ouvre la porte à une suite attendue.