Deux hommes, ni jeunes ni vieux, sillonnent Ă bord dâun fourgon dĂ©glinguĂ© les routes de la Pologne et des pays limitrophes en quĂȘte de villages pauvres, tristes et malodorants. Câest lĂ quâils peuvent Ă©couler des fripes de qualitĂ© mĂ©diocre, seconde main des pays occidentaux ou venus directement de Chine, Ă des paysans frustres ou des tsiganes chapardeurs. Ils vivent chichement, boivent beaucoup et sâennuient souvent. Leur vie devient plus agitĂ©e lorsque lâun dâeux sâĂ©prend dâune caissiĂšre de fĂȘte foraine.
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Encore une histoire de virĂ©es oĂč ressortent les thĂšmes chers Ă Andrzej Stasiuk (Neuf, NB juillet-aoĂ»t 2009). Aussi morne et fastidieux que les paysages et Ă©vĂ©nements quâil dĂ©crit, le narrateur sâĂ©clate quelquefois en sâinterrogeant sur le mystĂšre des origines de son ami. Câest lâoccasion alors de rĂ©flexions pertinentes et cyniques sur les souffrances quâont connues ces pays depuis la dictature soviĂ©tiques jusquâaux guerres fratricides, sur la trivialitĂ© de la consommation Ă tout prix et la dĂ©sespĂ©rance qui frappe des populations pauvres qui payent toujours les pots cassĂ©s. MalgrĂ© un style fluide, lâabsence de chapitres, le mĂ©lange des souvenirs, des rĂȘves et de la rĂ©alitĂ© font vite passer de la compassion Ă la lassitude.