Le dernier demi-siĂšcle a vu Paris se mĂ©tamorphoser. Malraux a redĂ©couvert et valorisĂ© son patrimoine, Pompidou a fait place au « tout automobile », lâhygiĂšne a pourchassĂ© lâinsalubritĂ© et repoussĂ© lâartisanat et lâindustrie hors les murs, le boulevard pĂ©riphĂ©rique a isolĂ© la banlieue, dĂ©sormais quasi inaccessible Ă pied, DelanoĂ« et lâĂ©cologie âboboâ ont aseptisĂ©, insonorisĂ© et privatisĂ© Paris. Depuis cinquante ans, lâauteur arpente inlassablement chaque avenue, rue, ruelle et impasse de la capitale. Il y promĂšne ses engagements, ses reniements, ses dĂ©sertions, ses retours, ses exils, ses indignations, ses joies. Il a usĂ© ses semelles sur lâasphalte. Son amour de lâasphalte est intact.
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Le parcours de Guy Konopnicki (Pour en finir avec la France Ă©ternelle, NB mai 2001) nâest pas linĂ©aire. Tour Ă tour militant communiste, responsable culturel en banlieue rouge, pigiste, essayiste, romancier, chroniqueur Ă Marianne et Ă France Culture, il suit un itinĂ©raire tracĂ© par les utopies idĂ©alistes et par leurs dĂ©rives rĂ©alistes. Paris a mutĂ©, lâauteur a Ă©voluĂ©. Topographe, chantre et pamphlĂ©taire de la capitale, autobiographe, Konopnicki est un titi grandi, amoureux déçu de Paris mais obstinĂ©ment fidĂšle. Sa nostalgie ressasse un peu mais prend Ă rebours les pensĂ©es dominantes, dâune plume libre et exacte avec simplicitĂ©, dynamisme e aisance.