D’un « commencement » (de roman) à un autre, le texte glisse, sans prévenir par un quelconque signe. Il faut, à chacun d’eux, sentir la chute ou, si on la dépasse, deviner le début d’un autre commencement. Le regret de quitter l’un cède à la curiosité de découvrir le suivant. Quel sera-t-il ? Mélancolique ? Métaphysique ? Érotique ? Drôle ? Désespéré ? Policier ? Réaliste ? La virtuosité littéraire de Cholodenko parvient, en quelques lignes, à façonner des personnages, cadrer une atmosphère, poser la question fondamentale. Et le lecteur devient écrivain, s’attardant à dérouler le fil à peine tiré. Ou s’arrête, pensif, s’interrogeant avec l’auteur.
Ce texte difficile et ludique risque de rester dans le cercle étroit de ceux qui écrivent (vraiment), il pourrait pourtant concerner celui beaucoup plus large des « lecteurs » car son propos est d’importance. Après La marquise sortit à cinq heures que Valéry récusait, voici le roman, englué dans les autofictions, contaminé par la dictature de l’actualité crépitante, ramené au jeu complexe de la littérature et de la création, au simple et inépuisable flot de la vie comme elle va.