Un éléphant au paradis. Sous ce titre énigmatique, Thierry Cazals regroupe une soixantaine de courts poèmes en prose. Son éléphant bouscule avec grâce le magasin de porcelaine de nos certitudes. Loin de l’imagerie religieuse traditionnelle, le paradis du poète se situe où nous sommes, dans « le ruissellement du monde ». Loin des discours savants et des mots bien tricotés, les anges, de page en page, nous en livrent l’accès. Les anges ? Peut-être les clowns blancs de notre enfance. Ceux qui suscitent tant d’émotions ténues et fortes dans l’interstice qui sépare les mots des choses : l’indicible que traque la poésie. Il faut se laisser emporter sans réticence par les images suggérées. Leur mystère est préservé par le dessin d’Ana Yael qui choisit de tisser avec le texte des correspondances de sens. Au trait noir, sur papier gris, elle invente un espace onirique, sans haut ni bas, ni dedans ni dehors. Plumes, ballons, ailes et nuages entraînent, dans une élévation symbolique, des personnages tendres, en extension vers un ailleurs de rêve d’inspiration surréaliste. Belle rencontre de deux imaginaires.
Un éléphant au paradis
CAZALS Thierry, YAEL Ana