Paul Kammerer, zoologiste viennois, observa en 1906 quâen contraignant des crapauds Ă se reproduire dans lâeau, des nodositĂ©s facilitant la copulation apparaissaient sur leurs membres antĂ©rieurs. Cette particularitĂ© persistait sur plusieurs gĂ©nĂ©rations successives : sâaffirmait ainsi lâhĂ©rĂ©ditĂ© des caractĂšres acquis sous lâinfluence de lâenvironnement. Ces conclusions entraĂźnĂšrent une controverse acharnĂ©e entre les partisans des thĂ©ories de Mendel, de Lamarck et de Darwin. Les confĂ©rences du zoologiste dans le monde entier confirmĂšrent sa notoriĂ©tĂ©, mais lorsquâen 1926 un AmĂ©ricain vint dissĂ©quer le dernier spĂ©cimen des crapauds expĂ©rimentĂ©s, il constata seulement que la patte examinĂ©e avait Ă©tĂ© noircie par une injection dâencre de Chine⊠Quelques mois aprĂšs, Kammerer se suicida.
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Lâauteur, biologiste, expose clairement ces faits bien rĂ©els, en les racontant « comme un roman », elle dĂ©veloppe les thĂ©ories en jeu et reprend les hypothĂšses pouvant expliquer le suicide de Kammerer, restĂ© mystĂ©rieux : difficultĂ©s financiĂšres ou sentimentales, deuils, enjeux scientifiques, politiques ? Aujourdâhui, des chercheurs accorderaient, dit-elle, une valeur scientifique importante Ă lâexpĂ©rience. Ce parcours original avait dĂ©jĂ intĂ©ressĂ© Arthur Koestler (LâĂ©treinte du crapaud, NB avril 1972).