L’égalité d’humeur et le bonheur de Thassa, jeune Algérienne, étudiante dans une université de Chicago, intrigue son entourage. Malgré une enfance et une adolescence difficiles dans son pays natal, Thassa semble toujours rayonnante, immunisée contre l’anxiété et le chagrin. Son cas intéresse Thomas Kurton, spécialiste du génome, fervent militant des manipulations génétiques. Il pense avoir découvert une combinaison particulière chez Thassa. Les médias et la Toile se saisissent de la découverte, transformant la vie de la jeune femme en enfer. Sa joie de vivre y résistera-t-elle ?
Après avoir écrit sur la pensée humaine (L’ombre en fuite, NB juin 2009), Richard Powers s’interroge sur notre aptitude au bonheur. Au-delà de la résilience, y aurait-il une nature chimique du bonheur ? La réponse est apportée à travers des personnages attachants, derniers îlots de bon sens dans un océan de bêtise mercantile et d’obsessions scientifiques. Ce roman est une critique virulente de la société américaine obnubilée par la perfection et la quête de bien-être. Le poids des médias et des réseaux sociaux est d’un réalisme criant. Les références scientifiques ardues et la confusion du récit peuvent lasser, mais on est séduit malgré tout par l’intelligence du questionnement et la fulgurance de nombreux passages.