Quand on a construit le mur qui sépare les Uns des Autres, on n’a pas déplacé le vieux camion. Primo du Nord et Tima du Sud s’y rejoignent. Ils jouent : une flûte, trouvée dans la boîte à gants, devient, dans les mains de la fillette, le Serpent bien décidé à tuer l’Homme dont le rôle échoit à Primo. Pour faire durer le jeu, on interroge la Vache, l’Arbre, le Loup etc : l’ Homme mérite-t-il la mort ? S’inspirant librement d’un conte himalayen, Jean-Yves Loude (Le voyage de l’empereur Kankou Mousso ; NB novembre 2010) écrit une histoire grave : combien de murailles en effet traversent l’histoire des hommes ! Hors-la-loi, dans la faille de la clôture, les deux enfants montrent, dans la complicité de leur jeu transgressif, l’inanité de l’interdit. Pour compléter cette leçon d’humanité, ils miment un procès sans merci…. dont le coupable sort indemne grâce à une pirouette narrative. Cette belle métaphore de l’ouverture à autrui est servie par une illustration inventive dans ses cadrages variés, dans l’utilisation simultanée de techniques différentes pour suggérer la réalité dans l’univers du jeu.
Le camion frontière
LOUDE Jean-Yves, MALAVAL Françoise