Le lecteur inconstant Suivi de Vie du corbeau blanc

Le premier texte explique comment la nécessité d’écrire est venue à l’auteur quand, condamné au cachot, l’usage « inconsidéré » de la parole intérieure le force à se forger mentalement un roman pour se sauver de la folie, puis à écrire en cachette et à devenir écrivain. Quand il est libéré, cette urgence s’apaise jusqu’à disparaître. Il relit alors en dilettante éclairé les plus grands écrivains et s’amuse à retrouver le plaisir de composer en s’appropriant leurs héros. D’où le deuxième texte : l’histoire d’un corbeau mythomane qui, faute de pouvoir devenir pigeon, devient conteur. Il s’invente mille aventures inspirées des plus célèbres hommes de lettres et existe enfin, face à un public de volatiles captivés.

La vibrante concision de l’essai qui complète Le fourgon des fous (NB avril 2006) comme la cocasserie volubile de la narration du corbeau révèlent une maîtrise qui place l’Uruguayen Carlos Liscano au rang des grands écrivains sud-américains contemporains. Cette profession de foi littéraire et sa démonstration par l’absurde forment cependant un exercice de virtuosité déroutant, plutôt réservé aux passionnés de littérature.