Une biographie de Baudelaire, rapide â le lecteur est censĂ© savoir tout ce qui nây est point dit â, se poursuit dans une magistrale leçon de peinture Ă travers les tableaux dâIngres, Delacroix, Manet, Degas⊠Sont scrutĂ©es les oeuvres de Rimbaud, LautrĂ©amont, MallarmĂ©, Laforgue, Proust⊠à ce monumental Ă©difice, quelques dizaines dâauteurs sâajoutent plus briĂšvement : Chateaubriand, Stendhal, Nietzsche⊠Et le perfide Sainte-Beuve, auquel est empruntĂ© le titre, La folie Baudelaire, au sens de kiosque isolĂ©, ornĂ©, propice aux plaisirs raffinĂ©s.
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Pour Roberto Calasso, il existe une « vague Baudelaire qui traverse tout » : une pensĂ©e solitaire dâune singularitĂ© saisissante, une pensĂ©e moderne et dĂ©cadente sâexprimant dans lâimmĂ©diatetĂ©, mais qui sait utiliser les courants qui lâont prĂ©cĂ©dĂ©e. Prolixe pour plus de prĂ©cision â un mot rare ornant souvent les mĂ©andres des raisonnements â, dâune Ă©rudition confondante, le texte Ă©clate en citations dĂ©lectables, en analogies, fusĂ©es dâartifice Ă plusieurs Ă©tages approfondissant le sens, ouvrant des pistes (cf. La littĂ©rature et les dieux, NB juin 2002). Des reproductions, un index, la liste des sources (plusieurs centaines) invitent Ă poursuivre. Fourbu, Ă©bloui, le lecteur acquiert ici une autre maniĂšre de lire et de regarder les oeuvres dâart.