Ancien commandant du camp de Treblinka, Franz Stangl est responsable de la mort de neuf cent mille personnes. En 1971, dans la prison de DĂŒsseldorf, aprĂšs sa condamnation Ă perpĂ©tuitĂ©, il attend le verdict de son procĂšs en appel. Il rĂ©cuse sa culpabilitĂ©, n’Ă©tant que simple rouage administratif consciencieux. La faute sâĂ©tend aussi Ă tous ceux qui ont laissĂ© faire, nâont pas Ă©coutĂ© les victimes, ont relĂąchĂ© trop tĂŽt les responsables. InterviewĂ© par une journaliste anglaise peu avant de mourir de dĂ©faillance cardiaque, Stangl dĂ©clare : « Je nâai plus dâespoir ».
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Ces mots troublent Dominique Sigaud qui sâimmisce elle-mĂȘme en tant que narratrice dans le rĂ©cit pour tenter de cerner le mystĂšre insupportable de la banalitĂ© du mal Ă lâoeuvre dans la Shoah. Ăcrivain (Conte dâexploitation, NB fĂ©vrier 2011) et journaliste, lâauteur a couvert plusieurs conflits contemporains. SensibilisĂ©e trĂšs jeune Ă lâantisĂ©mitisme, elle sâimagine mĂȘme dans la cellule du condamnĂ© pour tenter de mieux le comprendre. Les allers et retours temporels entre les deux vies, lâintervention de personnages secondaires ne suffisent pas, cependant, Ă crĂ©er une oeuvre neuve sur ce sujet dĂ©jĂ traitĂ©.