Un père idéal

CLEAVE Paul

Christchurch, Nouvelle-Zélande, période de Noël. Edward Hunter, comptable, n’aurait pas dû essayer de sauver une employée lors d’un braquage de banque, car, à sa place, sa femme est tuée. Effondré et en proie à la culpabilité, Edward ne peut s’empêcher de rendre visite à son père, enfermé à perpétuité pour les meurtres de prostituées, qui lui prodigue ses conseils. Une voix inquiétante qu’il n’avait pas entendu depuis l’enfance se réveille en lui. Aurait-il hérité des pulsions meurtrières de son père ?

 

Le prologue introduit magistralement dans la problématique du roman, installant une curiosité et une attente qui innervent l’ensemble de l’histoire. L’utilisation habile des ellipses et du non-dit provoque de nombreuses surprises. L’auteur, brillant récidiviste (Un employé modèle, NB décembre 2010), prend le temps de nourrir la psychologie de son héros et narrateur, pathétique et émouvant, monstrueusement proche, avant que l’engrenage de violence se mette en branle, captivant et parfois éprouvant. Un humour discret parcourt cette descente aux enfers, susceptible de s’épanouir en des scènes tragi-comiques. Les descriptions de Christchurch, étouffante et déliquescente, gangrenée par la criminalité, engendrent un climat délétère, où le destin d’Edward apparaît comme une malédiction qui y fait écho. Une réussite.