Le silence du bourreau

BIZOT François

Cambodge, 1971 : arrêté pour espionnage, François Bizot subit une effroyable détention dans le camp d’extermination dirigé par le Khmer rouge Douch. Finalement acquitté après une condamnation à mort, il revient dans ce livre sur la question qui le hante : comment définir ses rapports avec son tortionnaire ? Ce n’est pas une connivence irraisonnée qui se superposerait à une « inextinguible exécration », mais la volonté acharnée de surprendre derrière le masque du monstre une présence ineffaçable d’humanité. Après Le Portail (Livre du mois, NB novembre 2000), déjà marqué par une analyse subtile des rapports victime/bourreau, l’auteur s’étend sur les hantises des prisonniers, les tortures physiques et morales, les assassinats. Toutefois, de ce récit autobiographique où événements et pensées se croisent constamment, se dégage une impérieuse certitude : chez tout homme peuvent surgir les plus effroyables agissements. Lui-même n’a-t-il pas un jour tué sauvagement un animal familier ? Écriture éclatée, localisations difficiles, sauts chronologiques compliquent un peu le suivi d’une réflexion et d’un vécu poignants.