Avril 1909 à Adana, au sud de la Turquie. Les Arméniens cohabitent discrètement avec les Turcs dans cette prospère et belle plaine de Cilicie. Les deux communautés se supportent difficilement et les Jeunes-Turcs poussent au massacre. Atom Papazian, le joaillier, et ses amis préfèrent ignorer les rumeurs alarmistes. Un jeune Arménien violenté ose demander justice, un affront pour les Turcs qui vont se déchaîner : ils envahissent les quartiers chrétiens, s’acharnent avec une terrible sauvagerie sur hommes, femmes et enfants avec l’aide des autorités locales et de l’armée, et dans la quasi-indifférence des étrangers.
Les massacres d’Adena en 1909 ont été les prémices du génocide arménien de 1916. Daniel Arsand s’abrite derrière la fiction pour évoquer ces drames qui ont touché les siens, dans un registre très différent de son précédent ouvrage (Des amants, NB février 2008). Les personnages, imaginaires, sont denses car leur histoire rejoint celle des trente mille Arméniens massacrés durant ces journées d’avril. Le récit de cette folie meurtrière prend très vite le ton d’une tragédie dont l’issue est certaine. L’auteur ne retient pas son émotion ni son indignation et trouve des accents lyriques pour rendre un hommage posthume à cette communauté martyre de Cilicie.