Le Camion bulgare : chantier à ciel ouvert

TSEPENEAG Dumitru

Depuis Paris, un écrivain roumain discute littérature par téléphone avec son épouse installée aux États-Unis, et par Internet avec sa maîtresse, une écrivaine slovaque en voyage. Il a un vague projet de roman, mais refuse de se conformer aux règles du genre – raconter une histoire, ponctuer ses phrases – et raille les auteurs à succès. Ses correspondantes contestent ses méthodes et son inspiration. Au fil des échanges pourtant, s’élabore par bribe le récit des ébats amoureux d’un camionneur bulgare avec une touriste et une jeune prostituée. Des courriels émerge plutôt l’attirance intense et nostalgique d’un homme vieillissant pour sa maîtresse.

 

Le narrateur est-il un personnage de roman, ou Tsepeneag lui-même (La Belle Roumaine, NB juillet 2006) ? Ses interlocutrices sont-elles réelles ou imaginaires ? Conversations orales ou écrites, ébauche de livre, réflexions personnelles du narrateur se croisent dans ce qui est en effet un « chantier à ciel ouvert ». Entre réalité et fiction, la confusion entretenue déroute. Elle permet à l’auteur de donner son avis sur l’évolution de la littérature et des relations humaines via l’ordinateur. Un pari littéraire talentueux, étrange et décousu, qui manque néanmoins de souffle, faute d’avoir foi en sa propre originalité.