1987, Lisbonne. Quatre jeunes femmes se retrouvent dans un garage autour de Gisela Batista, la “maestrina” qui met toute sa volonté et sa vitalité au service du groupe vocal qu’elle veut créer. Il y a les deux soeurs Alcides, mezzo-soprano et soprano, étudiantes au Conservatoire, il y a Madalena Micaia “the African Lady”, serveuse dans un restaurant de la ville et magnifique voix de jazz, et enfin il y a Solange, la parolière talentueuse, amoureuse du chorégraphe qui leur apprend à se mouvoir sur scène. Dans un huis clos d’une année, elles se concentrent sur le travail vocal et corporel, avec rigueur et austérité, pour parvenir à l’enregistrement d’un disque.
Figure majeure de la littérature portugaise (Nous combattrons l’ombre, NB mai 2008), Lídia Jorge choisit dans ce roman la narration à une voix, celle de Solange. Les pensées et les émotions d’une des étudiantes sont toutefois un peu trop développées et rendent la lecture parfois fastidieuse. Cependant, les destins des héroïnes évoquent en filigrane la décolonisation portugaise en Afrique et les souffrances que la société continue à porter à travers les années. L’écriture délicate et nuancée exprime une grande palette de sentiments.