1919, la jeunesse de la grande bourgeoisie parisienne et les cĂ©libataires meurtris par la premiĂšre guerre mondiale ont une soif inextinguible de plaisirs et de passions. De bals en sorties mondaines, les idylles se nouent et se dĂ©nouent. Antoine sĂ©duit Marianne, jeune fille primesautiĂšre, et l’Ă©pouse par raison. Les annĂ©es passent, les enfants naissent, la violence des amours de jeunesse s’Ă©tiole peu Ă peuâŠ
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Entre drames et passions, IrĂšne NĂ©mirovsky parle d’une Ă©poque rĂ©volue mais pourtant proche. Paru en 1936, dix ans aprĂšs Le malentendu (NB juillet-aoĂ»t 2010), ce roman en reprend certain thĂšmes âla passion amoureuse et son dĂ©senchantement, les soucis matĂ©riels â, mais insiste davantage sur la peinture de ces annĂ©es de l’entre-deux-guerres, critiquant la fatuitĂ© et la fuite en avant d’une gĂ©nĂ©ration qui rejette un systĂšme social tout en en profitant sans pudeur. Il en a les mĂȘmes qualitĂ©s et les mĂȘmes dĂ©fauts : un cĂŽtĂ© un peu dĂ©suet mesurĂ© Ă lâaune de la mentalitĂ© actuelle, mais une trĂšs grande finesse dâanalyse psychologique et sociale, surtout dans les portraits fĂ©minins. La rĂ©flexion sur la conjugalitĂ©, sur la durĂ©e qui conduit lentement mais sĂ»rement Ă l’apaisement terriblement bourgeois de la maturitĂ©, sur le poids du carcan social, est d’une grande acuitĂ©.