L’expression stéréotypée « zone de non droit » ne suffit pas à décrire la multiplicité des zones grises qui font l’objet de cette étude destinée à des chercheurs en sciences sociales. Ces espaces infra-étatiques, de dérégulation sociale, politique et économique, sont répartis sur l’ensemble de la planète. Ils seraient pour l’auteur, docteur en sciences politiques et journaliste, le symptôme d’un malaise collectif des États, une irruption de franges abandonnées des sociétés. Une première partie très dense, aux multiples références, définit les trois principes d’une zone grise, explore son mode de construction dans les espaces périurbains en France et dans la criminalité organisée dans le monde. La seconde partie, bien documentée, étudie, cartes à l’appui, des cas concrets fort différents : FARC, Haut-Karabagh, Somalie, Gaza, mer de Chine et Pakistan. Guerres, drogues, commerces illicites, les réponses des États sont essentiellement dans la spirale violence/répression alors qu’il faudrait, selon Gaïdz Minassian, tenter de resocialiser ces régions. Une lecture qui demande de la concentration.
Zones grises : quand les États perdent le contrôle
MINASSIAN Gaïdz