En avril 2008 en Autriche, aprĂšs vingt-quatre annĂ©es passĂ©es sous terre, sĂ©questrĂ©e par son pĂšre, Angelika Fitzl sort Ă lâair libre avec deux de ses sept enfants incestueux. Aujourdâhui, Roman est « le dernier survivant du peuple de la cave ».
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Si les faits divers donnent lieu Ă des romans, leur statut de fiction permet Ă lâĂ©crivain de sâaffranchir de la servitude des faits et dâallĂ©ger un rĂ©cit difficile par la grĂące de son imagination. Sur ce principe dĂ©jĂ appliquĂ© (SĂ©vĂšre, NB juin 2010), RĂ©gis Jauffret dĂ©roule la tragĂ©die et campe Fitzl, tissant autour de sa fille la toile de ses fantasmes, la violant du regard, pĂ©nĂ©trant ses cauchemars avant de la profaner et puis de lâenfermer, faisant de sa femme une complice passive. Les phrases alors sont courtes, servent de rĂ©ceptacle Ă lâabomination. Angelika est murĂ©e dans une prison psychique autant que matĂ©rielle, en proie Ă un tumulte de sentiments contradictoires. Seuls quelques rires dâenfants qui marchent Ă quatre pattes viennent, entre deux coups, illuminer les jours. De toute cette perversion, rĂ©sulte un livre hypnotisant, sordide et magistral, dont seule lâĂ©criture permet la lecture, tant elle se plie humblement Ă ce sujet inhumain.