Dormir avec ceux qu’on aime

Attendu à Bucarest pour la présentation d’un de ses livres, Gilles, quarante-neuf ans, y rencontre Marian. Si jeune (vingt-six ans), si beau, si doué pour la musique rock… c’est le choc, la re-découverte d’un corps, la re-naissance de sensations intellectuelles et esthétiques, l’infini des possibles. Ce bel amour s’épanouit dans le delta du Danube, se fortifie au grand air des Carpates, se nourrit des différences culturelles et générationnelles et se plie aux impératifs éditoriaux et itinérants de Gilles. Il s’ancre dans sa mémoire, rejoint ses souvenirs, devient sa fiction traduite en un roman, celui-ci. L’homosexualité n’est pas le sujet de ce récit autobiographique. De la sidération à l’objective réalité, l’auteur analyse avec justesse, sensibilité et lucidité, les troubles, les questionnements, les souffrances propres au sentiment amoureux, son universalité dont il livre un exemple inattendu : celui du couple Ceausescu uni jusque dans une mort horrifiante. Prix Goncourt 2007, Gilles Leroy, après Zola Jackson (NB février 2010), exprime avec une remarquable écriture et un talent très personnel émotions et paysages. Il évoque sa nostalgie du temps qui passe, mais surtout l’éblouissement et la douleur de ce dernier amour.