Juifs allemands, Nathan et Lotte ont fui Berlin dès la montée du nazisme et se sont réfugiés en Australie. Seuls survivants de leurs familles restées en Allemagne, ils ont élevé leur fille Martine dans le culte des parents disparus. Après la mort de son père, ne supportant plus cette atmosphère morbide, celle-ci part à New York pour y exercer ses talents de photographe. Elle y rencontre Joe, ils ont une fille, Ruby, qui disparaît tragiquement. Martine revient alors vers sa mère et découvre des pans troublants de son passé. Les personnages de Mireille Juchau sont abonnés au malheur. Ils ont vécu des traumatismes terribles et sont impuissants à les surmonter. Repliés sur leurs secrets, émouvants dans leur détresse, ils suscitent beaucoup d’empathie. Passé et présent s’imbriquent dans ce roman qui traite, avec beaucoup de justesse, de l’abandon, du deuil, de la culpabilité et de la parole qui libère et soulage. L’écriture, très visuelle, déroule l’histoire comme un film, avec ses travellings et ses arrêts sur image qui donnent du rythme au récit. Un sujet douloureux abordé avec délicatesse et perspicacité.
Le révélateur
JUCHAU Mireille