En 2013, l’Occident n’est pas sorti de sa crise, mais la Chine vit officiellement son âge d’or, « les années fastes ». Seule injonction faite aux habitants : ils doivent être heureux et oublier le mois de juin 1989 (celui de la sanglante répression place Tien An Men). À Pékin, un jeune écrivain taïwanais retrouve d’anciens amis qui refusent cette amnésie collective et les injustices de la politique nationale. Après quelques aventures, il rencontre un haut fonctionnaire qui lui raconte les péripéties du développement économique chinois et comment le Bureau de la Propagande a neutralisé les opposants. Subversif, le livre de Chan Koonchung n’est pas distribué en Chine, mais se passe sous le manteau. Les personnages sont juste esquissés et l’intrigue est assez floue dans ce roman d’anticipation qui s’apparente aussi à un document sur l’histoire récente de la Chine sous la dictature du parti unique. L’auteur prétend à la neutralité pour ouvrir une polémique, « la plus optimiste possible ». Difficile donc pour le lecteur occidental non averti de situer la frontière entre réalités dérangeantes et inventions. Alors, la Chine à venir… « un bel enfer ou un paradis contrefait » ? Un récit parfois austère qui requiert attention et persévérance, mais non dénué d’intérêt.
Les années fastes
CHAN Koonchung