Aux temps lointains, dans une vallée, vivaient de chaque côté d’une rivière deux peuples qui n’avaient que mépris, méfiance et préjugés l’un pour l’autre. Jamais ils ne s’étaient rencontrés. Jusqu’à l’arrivée d’un voyageur, envoyé par la providence, sans doute, qui tente de les ouvrir aux autres. Son discours échoue à les convaincre, mais une de ses actions, à son insu, aura les conséquences recherchées.
Le message est superlativement appuyé. Un peu de fantaisie aurait facilité le passage de la pilule anti-xénophobie. L’histoire, tout à sa démonstration, oublie qu’elle doit séduire ; les tentatives d’humour (la salle du conseil au plafond trop bas) sont noyées par la répétition de critiques subliminales sur le comportement vraiment égoïste et pas sympa des autochtones . Le texte est joliment écrit, néanmoins, mais très long et les images apportent peu de variété. Comme pour souligner le caractère obtus des habitants, le dessin, façon gravure sur bois, de Merlin est très géométrisant; ses petits bonshommes aux silhouettes trapus, vaguement ridicules, ne se distinguent en rien les uns des autres, illustration du conformisme.