À la fermeture de la rizerie dans laquelle ils travaillaient dans le sud de la France, Manuel et Eva, après s’être longuement battus pour sauver leur emploi, s’installent avec leurs trois enfants près de la frontière belge. Lui travaille comme ouvrier dans une cimenterie, elle comme aide-soignante dans un centre hospitalier qui accueille de très grands malades et des handicapés, enfants et adultes. C’est dans ce milieu de rejetés de la vie qu’elle tombe follement amoureuse d’un très beau jeune homme tétraplégique. Sa passion l’emporte, au détriment de sa famille, vers une fin douloureuse. Très au dessus du roman précédent (De la vie et autres chienneries, NB novembre 2005) de Virginie Lou, ce roman superbe est porté par une écriture magnifique dès les premières lignes. L’auteur saisit d’un trait le déracinement brutal de ces “immigrés“ de l’intérieur et rend profondément humain le militantisme politique. Sa peinture du centre pour handicapés, du comportement mesquin des petits chefs dans un milieu où la hiérarchie est importante, des angoisses des malades face à une fin inéluctable, est d’une grande justesse. Mais c’est l’histoire de cet amour interdit, impétueux, de ce combat entre passion et raison, qu’elle raconte et met en musique avec infiniment de pudeur, qui rend le livre si beau et si prenant.
Décharges
LOU-NONY Virginie