Hiver 1962. Daniel, 16 ans, admire profondément son père, ouvrier à la chaîne chez Renault et militant communiste convaincu qui, tous les dimanches, vend L’Humanité au marché. Ils vivent tous les deux: la mère de Daniel est morte, sa soeur aînée, Louise, lassée de jouer les boniches, est partie dès sa majorité, un an auparavant. La guerre d’Algérie engendre des tensions dans la société, jusque dans la cour du lycée. Daniel prend la décision d’adhérer aux jeunesses communistes ; quasi un rite de passage qui le fait pénétrer dans le monde des adultes. Suivront les premiers tracts distribués, et la première manifestation, à l’issue tragique…
À la fois instantané d’une époque et d’un milieu, analyse d’une relation père/fils et dénonciation des violences policières, le livre tient autant du documentaire socio-historique que du roman. D’une écriture fine, ponctuée de pointes gouaillantes, l’auteur donne un aperçu du quotidien, des us et coutumes d’un ouvrier engagé (débrayages, mais aussi excursions à vélo), ainsi que d’un lycéen (bagarres, séparation filles/garçons). La transmission qui s’opère, de génération en génération, fournit un peu d’émotion, mais celle-ci est surtout réservée, sous forme d’indignation, aux descriptions des exactions policières qui se terminent par le massacre du métro Charonne. Fallait-il ajouter à ce drame une tragédie finale?