Parqués en brigades dociles dans le Camp après une explosion atomique, surveillés en permanence par les caméras indifférentes de la Base, des enfants survivent, amnésiques, livrés à eux-mêmes et au désoeuvrement. Tout change avec la lecture du « livre » qu’a trouvé Tom, au cours d’une maraude nocturne, un livre, vestige du monde d’Avant, qui stimule sa mémoire ; la lecture qu’il en fait aux autres leur donne l’idée et la force de quitter les lieux. La Forêt s’ouvre devant eux.
Si le sujet n’est pas neuf, la manière de l’aborder séduit par sa justesse et sa poésie. Au fur et à mesure que les mots du « livre » font sens, la réalité prend forme : abandon, solitude, ennui, mais aussi liberté, entraide et amitié. La forêt où les enfants tournent en rond est celle des contes, accueillante et inquiétante ; le périple de ces Petits Poucets, un voyage initiatique où chacun se révèle et découvre les autres, adultes compris. Le dénouement positif affirme, avec un bonheur d’écriture, que dans un monde qui a volé en éclats, il reste en chacun de nous quelques « tessons » de conscience.