Un homme se réveille sur une île déserte, amnésique, apparemment seul rescapé d’une frégate échouée. Ce Robinson va évoluer. Il structure, des années durant, un royaume imaginaire. La découverte d’une empreinte de pied bouleverse cette harmonie et, conscient de sa déchéance, il se socialise en partant à la recherche de l’Autre. Las, il réalise qu’il est l’Autre… et entreprend alors un dialogue avec lui-même. Un tremblement de terre va transformer sa vision des choses. Patrick Chamoiseau, chantre de la créolisation, allie émancipation, politique et poésie (Les neuf consciences du Malfini, NB juin 2009). Dans cette fable, troublant mélange d’onirisme et de réalité, il oppose le monde moderne déshumanisé à la nature, riche de sa liberté et de son exubérance. Sous le carcan de notre organisation sociale, nous devenons « absents-présents ». La préciosité du style, les longueurs, l’emploi systématique du point virgule compliquent une lecture par ailleurs fluide. L’exégèse de ce récit est éclairée par l’appendice qui révèle les sources chères à l’auteur, et sa philosophie : « le roman est européen, le dire est humain ».
L’empreinte à Crusoé
CHAMOISEAU Patrick