Trotsky eut deux filles et deux fils. L’aîné, Léon, quitte le pays, et comme les filles, souffre de la vindicte stalinienne. Serge le cadet, apolitique et passionné de football et d’ingénierie, reste en Russie par amour de sa patrie. Il devient une cible facile pour Staline qui traque et élimine tous ses opposants, spécialement Trotsky, ses amis et sa famille. Serge est faussement accusé deux fois, relégué puis envoyé en camp. Niant toute culpabilité, il empêche un procès public spectaculaire. Il est fusillé en 1937, sans avoir connu sa fille ni revu sa femme Henriette Rubinstein. Fervent trotskyste, l’auteur, historien, a déjà écrit plusieurs biographies de son idole et aussi de Staline, ainsi que de Lénine (Lénine, la révolution permanente, NB février 2012). L’évocation des exécutions ou déportations dues à la folie meurtrière d’un dictateur sanguinaire, les nombreux exemples des manoeuvres de l’odieuse NKVD pour fabriquer et diffuser des faux témoignages et fausses confessions rappellent des faits maintenant bien connus. L’insistance pour présenter Trotsky comme une victime est moins crédible que pour celui qui fut pris dans une effroyable machination. Quelques scènes attachantes entre celui-ci et son épouse relèvent un peu ce catalogue déprimant, assez répétitif.
Le fils oublié de Trotsky
MARIE Jean-Jacques