Delirius 2 (Lone Sloane)

Si l’on s’arrête à l’histoire, exposée en majorité en voix off, l’album est d’un classicisme presque banal : l’imperator Shaan, maître de l’univers, maintient l’ordre grâce aux casques noirs, ses troupes engagées dans des combats incertains. Sloane, combattant hors pair, est appelé au secours par son seul ami, Yearl, dont la fille a été enlevée pour être prostituée sur la planète Delirius, lieu consacré aux plaisirs les plus sordides de l’univers. C’est là que la secte la Rédemption Rouge a décidé d’installer sa tête de pont dans sa lutte contre le pouvoir central. Sloane y arrive au paroxysme de l’affrontement entre rouges et noirs.

Il suffit de feuilleter les pages pour constater qu’il s’agit d’un opus exceptionnel. Son graphisme aux couleurs vives, insistantes, son univers de science-fiction qui rappelle, en plus baroque, celui de Moebius, son symbolisme des planches débordantes d’inventions, nous ramènent à ces années 1970, au moment où paraissait le premier tome de Delirius. Quarante années se sont écoulées, les traits et la couleur ont mûri, mais conservent l’aspect halluciné des compositions délirantes d’alors. Que l’on apprécie ou pas les envolées stupéfiantes des planches entières, le travail de Druillet mérite le respect pour ce retour réussi.